Avant-propos

Petit rappel historique: en mai 2009, le Sri Lanka sortait d’une guerre civile qui opposa le gouvernement, dominé par la majorité cinghalaise bouddhiste, aux Tigres tamouls (LTTE) qui luttaient pour un territoire indépendant depuis 1972, le Tamil Eelam. Cette guerre, qui a fait entre 80 000 et 100 000 morts selon les Nations Unies, s’est conclue par la victoire de l’armée cinghalaise (la SLA).  Deux choses m’intéresse ici : la mise en place progressive d’un régime omnipotent par le président Mahinda Rajapakse ; et la situation des Tamouls depuis la fin de la guerre. Pour commencer, je vais m’appuyer sur mon réseau à Colombo, à savoir les ONG et les structures gouvernementales présentes sur le terrain. Les amis qui m’hébergent, des diplomates canadiens, me seront d’une précieuse aide également.
Toutefois, je pars avec un handicap : comme il était plus prudent de demander un visa touristique à l’ambassade (le gouvernement sri lankais étant très méfiant à l’égard des journalistes), j’ai peu de légitimité à visiter les zones sensibles du pays (régions minées, camps de réfugiés, prisons, projets industriels, etc.). Il va donc falloir improviser sur place. D’après mes contacts, il est possible de se mêler aux humanitaires qui travaillent sur les programmes de déminage, mais il est pratiquement impossible de pénétrer les camps de réfugiés situés au nord de l’île. Quant aux prisons, s’il est facile pour les journalistes d’y aller, en sortir est une autre histoire.

En somme, je m’engage sur un terrain hasardeux muni de peu de garanties. C’est pour cette raison que si j’entreprends de raconter mes démarches, de vous parler de mes réalisations et de mes impressions je n’aurai pas tout perdu. Si mon travail n’aboutit pas, j’aurais au moins accumulé de la matière et de l’info qui figurera sur ce site.  J'écris donc par précaution car j’anticipe un possible échec.
Pourquoi est-ce que m’intéresse à la cause des Tamouls en particulier ? Je n’en ai pas la moindre idée. Ce n’est pas par conviction en tout cas. J’aurais très bien pu partir ailleurs, enquêter sur autre chose. Mais j’ai choisi le Sri Lanka. S’il y a une raison, je la trouverai peut être en chemin. Je ne fais pas cela pour moi, ni pour d’autres. Je voyage parce que je n’ai pas le choix, je suis poussé par une force intrinsèque qui décide à ma place, qui me crie : « Marche ou crève ! »
Voilà pour l’introduction générale, à vous à présent de naviguer (ou pas) sur cet espace ouvert aux questions et aux remarques. N’hésitez pas à parler de ce blog à vos amis si vous lui trouvez de l’intérêt. Voilà pour moi, c’est à vous de jouer.